Dans mon panorama de la peinture canine, je m’arrête aujourd’hui sur un tableau essentiel parce qu’il représente l’archétype de la peinture classique du chien de chasse en pleine période rococo.
Alexandre-François Desportes (1661-1743) est d’origine paysanne et a appris la peinture en Pologne. A son retour, Louis XIV le nomme peintre officiel des chasses royales ce qui signifie pour l’artiste une pension et une place à l’Académie. A la chasse, le peintre suit le roi et Saint Simon rapporte : « qu’il allait même d’ordinaire à la chasse à ses côtés, avec un petit portefeuille pour dessiner sur les lieux leurs diverses attitudes, entre lesquelles le roi choisissait, et toujours avec goût, celles qu’il préférait aux autres. »
Le tableau intitulé
“Chien gardant du gibier auprès d’un buisson de roses” a été peint pour Louis XV adolescent en 1724. D’ailleurs le jeune roi choisira de garder Desportes comme peintre officiel. Le tableau est une peinture à l’huile sur toile de 107x132 cm que l’on peut voir au
musée du Louvre
depuis 1916.
Dès le titre, le mot “chien” sans article ni prénom ou précision sur l’identité du propriétaire généralise la scène et rend ce
chien anonyme. Son regard attentif et vigilant justifie le verbe "gardant" du titre et sa langue encore pendante suggère que le retour de chasse est récent. Les petites victimes sont sans doute encore chaudes à terre.
La scène peut aussi paraître naturelle voire spontanée à une première lecture : la nature est très présente avec la végétation abondante et les nombreux gibiers posés à même le sol au retour de chasse.
Pourtant la scène est travaillée, artificielle au point d’en devenir rococo. Elle semble apprêtée comme une table royale : l’ornement de la colonne brisée vient bien isoler le butin lui-même disposé avec élégance comme sur un étal de boucher. Que dire de la gerbe de roses nacrées et de la posture du chien qui rappelle un serviteur aussi grâcieux qu’un danseur agile? C’est bien une scène d’apparat qui nous est montrée ici. Une oeuvre royale qui saura traverser les époques grâce à son apparence naturelle.
Il faudra attendre encore un peu pour que le chien représenté perde son anonymat et retrouve un instinct plus naturel.
Pourtant les chiens de la cour royale étaient plutôt privilégiés comme nous le verrons dans un prochain post.
Sources :
-Le chien dans l’art (du chien romantique au chien post moderne)
auteur : Robert Rosenblum (New York, 1988)
- crédit photos
© 2019 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux
Si toi aussi tu veux une scène peinte avec ton chien, tu as deux possibilités :