George Sand, de son vrai nom Aurore Dupin, fait partie des auteurs qui m'ont éveillée à la beauté de la nature. Les paysages évoqués dans La Petite Fadette et François le champi ont marqué mon enfance. Puis mes études de lettres consacrées au dix-neuvième siècle m'ont permis de découvrir une femme extraordinaire notamment au travers de sa correspondance avec Gustave Flaubert. Mais revenons au chien...
D'abord sachez que si vous avez l'occasion de passer dans l'Indre près de Nohant-vic, la maison de la romancière se visite et -chose assez rare- le jardin accepte nos loulous en laisse. Un bon moyen de visiter si vous pouvez vous relayer à l'extérieur en promenant le chien.
Nous savons que George Sand avait des chiens et ce dessin au graphite de Eugène Lambert. Croquis sur le vif fait alors qu'il séjournait chez la romancière sur lequel on reconnaît Fadet de dos! Celui que la "dame de Nohant" décrit comme un petit bouledogue français fut le compagnon de ses dernières années de vie. Il était inséparable de ses deux petites-filles. La romancière était en effet une attentive grand-mère qui passait ses journées à faire des confitures et était capable d'écrire un roman en une nuit. Ce qui désespèrait Flaubert qui mit 5 ans à écrire Madame Bovary!
Relisant le roman Indiana, j'ai été sidérée de lire le passage ci-dessous alors que j'ai terminé récemment un portrait qui pourrait être une illustration de cette page.
Où va se cacher l'inspiration : est-ce que j'avais gardé en mémoire pendant plus de 30 ans cette scène ? Est-ce une de ces fameuses synchronicités? La concordance est étonnante.
Voici le texte et mon tableau réalisé bien avant cette relecture.
"La seule figure heureuse et caressante de ce groupe, c’était celle d’un beau chien de chasse de la grande espèce des griffons, qui avait allongé sa tête sur les genoux de l’homme assis. Il était remarquable par sa longue taille, ses larges jarrets velus, son museau effilé comme celui d’un renard, et sa spirituelle physionomie toute hérissée de poils en désordre, au travers desquels deux grands yeux fauves brillaient comme deux topazes. Ces yeux de chien courant, si sanglants et si sombres dans l’ardeur de la chasse, avaient alors un sentiment de mélancolie et de tendresse indéfinissable ; et, lorsque le maître, objet de tout cet amour d’instinct, si supérieur parfois aux affections raisonnées de l’homme, promenait ses doigts dans les soies argentées du beau griffon, les yeux de l’animal étincelaient de plaisir, tandis que sa longue queue balayait l’âtre en cadence, et en éparpillait la cendre sur la marqueterie du parquet.
Il y avait peut-être le sujet d’un tableau à la Rembrandt dans cette scène d’intérieur à demi éclairée par la flamme du foyer. Des lueurs blanches et fugitives inondaient par intervalles l’appartement et les figures, puis, passant au ton rouge de la braise, s’éteignaient par degrés ; la vaste salle s’assombrissait alors dans la même proportion.
George Sand (1804-1876) Indiana, 1832
Si toi aussi, tu veux donner à ton chien l’immortalité de l’art , tu as deux possibilités :